Lecture musicale en vidéo

Pour clôturer notre mini-série de lectures musicales autour de “Manuel d’écriture et de survie” (Nantes, Rome, Poligny), Martin et moi avons réalisé un enregistrement maison de l’une des lettres qui la composent, ainsi qu’une petite vidéo. Martin lit un extrait de son livre “Manuel d’écriture et de survie”, paru en mai dernier aux éditions du Seuil, j’ai composé et je joue la musique (ici à la guitare).

Et dans nos tiroirs, un tout nouveau projet de lecture musicale (cette fois-ci à partir d’un texte inédit) est en germe !

Rencontres

Ces dernières semaines ont été l’occasion de faire mes toutes premières rencontres scolaires. J’ai d’abord répondu aux questions d’une centaine d’enfants de CE1/CE2 au Touquet, dans le cadre du prix jeunesse. Puis je me suis rendue dans des classes de CE1/CE2 et CE2/CM1 aux environs de la ville de Blaye, à l’occasion du salon Livre en Citadelle. Ça a été de très beaux moments de discussions, d’écoutes, de lectures, d’ateliers… Je rentre à Nantes avec, dans mon sac, plein de trésors : des dessins, des calligrammes, des petits cœurs, et des souvenirs de questions drôles et belles, d’enfants ronronnants et de masques de chats.

“Mais comment faites-vous pour écrire tout un livre sans avoir mal à la main ?”

dessins enfants ecoles

Radiohead

Hier après-midi, alors que je passais la journée à Paris, j’ai cassé mes lunettes. Ça ne m’était bêtement jamais arrivée. L’impression d’être tout à coup handicapée : se déplacer dans la ville et le métro n’a plus rien de naturel, même si le trajet jusqu’à la gare Montparnasse m’est devenu, en trois ans, très familier. Le monde semble à la fois très hostile et plus doux, comme si la myopie était réciproque : puisque je ne discerne plus vraiment le monde, il me semble être moi aussi devenue invisible.

Ne pouvant plus espérer travailler, lire ou regarder un film dans le train du retour, j’ai été prise de l’envie de retrouver une vieille habitude, plus pratiquée depuis que j’ai quitté Paris et le métro : écouter de la musique en me déplaçant. Bien sûr, je travaille presque toujours en musique, mais j’ai perdu cette habitude de me promener avec un baladeur. Écouter de la musique dans la ville, dans le monde, c’est comme mettre un bande originale sur son quotidien.

Il y a cette très belle scène dans le film New York Melodies (une comédie romantique musicale, souvent un peu prévisible, mais parfaitement douce et acidulée comme un bonbon Arlequin) où les deux héros partagent un écouteur et se retrouvent à danser dans une boîte de nuit au milieu des fêtards, sur la musique qu’ils sont seuls à entendre.

J’ai acheté une paire d’écouteurs, fouillé dans la courte bibliothèque de mon ipad et me suis replongée 11 ans en arrière dans l’enregistrement du live acoustique de Radiohead pour la dernière de Music Planet2nite. Le groupe culte de mon adolescence dans l’une de mes émission musicales fondatrices : c’était un événement majeur (que je dois encore avoir sur cassette vidéo dans ma chambre d’ado).

Je dois quelques belles découvertes musicales à cette émission : Ray Cokes était excellent et la programmation qui convoquait (et faisait parfois se rencontrer) les nineties et le début des années 2000 était époustouflante.

J’ai retrouvé avec bonheur et nostalgie la musique de Radiohead (époque Amnesiac / Hail to the Thief) : sombre, douce, complètement familière et profondément mélancolique. Il n’y a pas beaucoup de musiques qui m’évoquent autant de sensations que celle-ci.

Un été musical

Ce fut un été musical. M. et moi avons donné notre première lecture musicale, nous avons écrit quelques chansons ensemble, j’ai pris mon premier cours de theremin, et nous avons enregistré notre tube annuel de l’été avec les amis pendant les vacances. Après avoir mis la musique de côté pendant quelques années, je retrouve, intactes et toujours puissantes, des sensations adolescentes un peu oubliées. La musique reprend petit à petit sa place dans ma vie. Elle retrouve l’importance qu’elle avait il y a des années et c’est très doux.

J’ai cette tendance à picorer partout, vouloir écrire de tout (je commence des textes d’albums, de romans jeunesse, de romans adulte, d’essais, de chansons…), savoir jouer de tous les instruments (guitare, piano, chant, lame sonore, theremin, qchord…), j’ai fait des claquettes (je continue), du dessin, du théâtre, de la vidéo. L’idée de choisir un art et d’abandonner les autres m’a toujours paniquée. Mais finalement, je réalise que ce n’est pas tant une question de choix que d’évidence. Ce qui est le plus important pour moi, ce qui me rend le plus heureuse finit par s’imposer de lui-même.

Albums

En ce moment, je travaille sur des textes d’albums pour un projet en collaboration avec une chouette dessinatrice. Et je me rends compte que l’album est une forme vraiment difficile à appréhender. Les deux premiers que j’ai écrits ont été vaillamment refusés ou ignorés par les éditeurs à qui je les ai envoyés. Pour des raisons de format (trop long) ou d’écriture (trop compliqué) ou pour d’autres, non exprimées. Et parfois aussi pour des raisons très mystérieuses et singulières.

Je pensais naïvement que puisque l’album est un texte court, il est plus simple à écrire. Mais finalement, je me rends compte que la brièveté rend la tâche au contraire plus difficile. Faire court, concis, se concentrer sur l’action, maintenir le rythme, écrire en pensant à l’image… c’est un travail à part entière. On dispose de si peu de mots, et de si peu de marge de manœuvre finalement. On ne peut pas partir dans des digressions, faire des ellipses, des flashbacks, changer de focale ou de perspective. Il faut trouver les mots exacts et le rythme précis, il faut savoir tout dire sans utiliser d’artifices. La narration est si refermée que tout doit être là, nu, dans le présent et en quelques mots.

Calligrammes

A l’occasion de l’exposition organisée par l’atelier dans lequel je travaille, j’ai réalisé mes tous premiers calligrammes. Faire correspondre le texte et la forme de l’image est un travail minutieux (et beaucoup plus long que je ne le pensais), mais c’est passionnant et gratifiant de construire soi-même un objet à la fois littéraire et graphique. Les textes racontent des histoires un peu folles à propos de villes réelles (ou presque), ici : Ny-Ålesund en Norvège, Elista en Russie, Epcot en Floride, Portland en Oregon et Ciudad Juárez au Mexique. Ils font partie d’une série que j’ai écrite pour un tout autre projet (encore très secret), dont je reparlerai dans quelques temps.

L’art prend l’air

Ce week-end, l’Atelier Autonome, (dans lequel je travaille), organise une petite exposition dans le cadre de l’Art prend l’air. J’y accrocherai quelques textes qui racontent des histoires tout à fait fausses à propos d’îles et de villes tout à fait réelles. On y trouvera aussi des dessins, des gravures et des impressions de Charlotte des Ligneris, Caroline Dall’Ava, Elmir Bertrandy, Samuel Jan, et Caroline Bourlès.

Rendez-vous samedi et dimanche au 2, rue Cacault (dans le centre de Nantes) de 14h à 20h, et dimanche à partir de 18h30 si vous aimez aussi boire et manger.

Le reste de votre week-end, vous pourrez bien sûr le passer à assister à de chouettes rencontres, de douces lectures, et de beaux spectacles à l’excellent festival littéraire Atlantide, au Lieu Unique.

(et le joli gif est l’œuvre de Samuel Jan)