Contrat d’édition

 Signer un contrat d’édition est un moment bizarre. On est heureux, c’est la concrétisation d’un projet, l’assurance que le livre va exister, une nouvelle aventure qui commence. C’est excitant, joyeux, on a envie de sautiller dans tous les sens. Mais c’est aussi vertigineux, quand on pense que ce papier nous engage jusqu’à 70 ans après notre mort. Soixante-dix ans ! On fait rarement des choses qui ont des conséquences sur un temps aussi long, et avec autant d’incertitude. Et puis il y a aussi un peu de frustration, à cause de toutes ces petites clauses qu’on n’a pas réussi à négocier et qui nous embêtent, mais dont on s’accommode pour différentes raisons – par exemple parce qu’on aime travailler avec son éditrice et qu’on a confiance en son regard.

Malgré tout, concentrons-nous sur la joie : mon nouveau roman jeunesse, La révolte des animaux moches, sortira en avril au Rouergue Jeunesse. Et, manifestement, les personnages ont décidé de signer eux-mêmes le contrat.
Je reparlerai bientôt ce projet que je transporte dans mes bagages depuis longtemps et qui me tient beaucoup à coeur.

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Immeuble idéal

Je retrouve dans un vieux carnet cette liste dressée après un atelier d’écriture avec des enfants, durant lequel ils faisaient le portrait de leur immeuble idéal. J’avais noté certaines des belles et étranges (parfois aussi étonnamment normales) choses qu’ils aimeraient trouver dans leur immeuble idéal.

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Retour d’Allemagne

Je rentre d’Allemagne, après trois jours de joyeuse tournée en Bavière, pour rencontrer des adolescents qui étudient le Français et participent au Prix des lycéens allemands (en lisant quatre livres en français en quelques mois) organisé par l’Institut français. Cette année, les livres sélectionnés sont :
La belle rouge, d’Anne Loyer
Là où naissent les nuages, d’Anne-Lise Heurtier
Le fils de l’Ursari, de Xavier-Laurent Petit
La folle rencontre de Flora et Max, de Martin Page et moi-même

J’ai donc rencontré des lycéens à l’institut français de Münich, et dans leurs gymnasiums de Nuremberg et de Würtzburg, sillonné le Land avec les trains de la Deutschebahn, et visité le faux musée Dürer à Nuremberg avec ses faux tableaux originaux et ses faux décors authentiques. C’étaient trois journées riches en rencontres et en échanges avec des lycéen.ne.s et des professeur.e.s touchant.e.s et impliqué.e.s. Je suis épatée par leur niveau de français (quand je pense à mon piètre niveau d’allemand après 10 ans de cours, j’ai honte…) et leur spontanéité, leur enthousiasme et leur courage à prendre la parole face à des inconnus et dans une langue étrangère.

Un grand merci à l’Institut français qui a organisé le Prix des lycéens allemands et cette tournée, et à celui de Munich en particulier, ainsi qu’à Fabrice et Cécile pour l’accueil chaleureux et joyeux. Martin prend le relais pour la suite de la tournée, dans le Bade-Wurtemberg.

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Des animaux

Ces jours-ci paraissent deux revues dans lesquelles je publie un texte où il est question, hasard de l’existence, d’animaux.
Dans l’excellente revue militante Véganes, je dresse un portrait de notre chatte Penny Lane, au cœur d’un dossier sur les animaux domestiques (et au milieu de plein d’articles et d’auteurs.trices passionnant.e.s – je ne suis que fierté). La revue est née à Montréal mais elle est désormais aussi éditée en France par La plage. On pourra commander le nouveau numéro ici dès le 19 octobre.
Pour la revue littéraire La moitié du fourbi, j’ai écrit un texte sur les animaux moches et sur les réflexions et découvertes qui m’ont occupée durant l’écriture de mon prochain roman jeunesse à paraître. On y trouve aussi notamment une réflexion très intéressante et très drôle d’Anthony Poiraudeau sur – tiens donc – les animaux domestiques.

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La petite vie magique des livres

J’ai acheté d’occasion un exemplaire de La barbe à papa de Joe David Brown, traduction française parue en 1973 de Addie Pray, le livre duquel à été tiré le formidable et merveilleux film Paper Moon de Peter Bogdanovitch.

J’ai reçu un service de presse jamais ouvert de 1973 (le livre n’a manifestement pas été réédité ensuite), et d’une certaine manière, ça me donne l’impression que c’est à moi qu’il a été envoyé par l’attachée de presse. Alors chère Raymond Leroux, sachez que le livre aura mis 44 ans à trouver un lecteur, mais il l’aura trouvé.

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Dialogues

Quand j’ai commencé à écrire, adolescente, je détestais les dialogues, je ne savais pas écrire des dialogues, j’étais vraiment nulle en dialogues, je n’étais à vrai dire pas très loin du “- Bonjour ! – Bonjour ! – Ça va ? – Ça va et toi ?” de certains collégiens que je fais écrire maintenant, alors je n’écrivais presque pas de dialogues. Le minimum nécessaire. Jusqu’à il y a peu, j’ai même orienté toute mon écriture en fonction de ça, je racontais des histoires très introspectives où il ne se passait rien et je mettais en scène des personnages très seuls. Mon complexe a duré longtemps : mes trois premiers livres mettent encore en scène des personnages solitaires, qui n’ont pas ou peu d’amis.

Et puis j’ai découvert le scénariste Aaron Sorkin, j’ai regardé ses films et ses séries. Je les ai même regardées plusieurs fois, je les ai écoutées, décortiquées, j’ai lu des interviews (en ce moment, je regarde sa masterclass) et j’ai soudain compris plein de choses sur les dialogues. J’ai appris à écrire des dialogues comme de la musique, j’ai appris à mélanger plusieurs conversations en une, à ne pas toujours répondre aux questions que posent les personnages (ou alors à côté, ou plus tard), et à chercher à me surprendre moi-même.

Maintenant, j’écris des livres truffés de dialogues et je me régale à le faire. Je viens de terminer un roman pour enfants avec un groupe de quatre personnages – chose que je n’aurais jamais imaginée faire il y a à peine quelques années – , et je commence un texte pour adolescents qui met en scène un binôme.

C’est étonnant comment nos incapacités dictent ce que nous écrivons, ce que nous faisons. J’écrivais peu de dialogues parce que je ne sais pas parler, je mettais en scène des personnages solitaires car je suis solitaire et peu douée pour les relations sociales, Je croyais qu’on ne pouvait écrire que ce qu’on savait être, mais j’ai compris que ne pas savoir parler ne faisait pas forcément de nous de mauvais dialoguistes. Surtout, j’ai compris que l’écriture, ce n’était pas tenter de se mettre à la hauteur de la médiocrité de la vie réelle (et de nos discussions de la vie réelle), mais c’était la transcender, donner à la vie réelle des objectifs et de l’ambition.

Atelier d’écriture autour de Petite encyclopédie des introvertis

Durant tout le printemps 2017, j’ai animé des ateliers d’écriture sur plusieurs séances dans quatre villes et villages de la Loire-Atlantique. C’était chaque fois de belles expériences, toujours différentes et toujours surprenantes. C’est ce qui me plaît le plus dans l’animation d’ateliers. On croit savoir où on va, où on veut emmener les élèves, et on se fait chaque fois dépasser : c’est parfois époustouflant, parfois plus difficile mais il y a toujours de la surprise. Un des plus grands plaisirs, sans doute, c’est de réussir à emmener dans son sillage ceux qui disent ne pas aimer écrire ou n’avoir pas d’imagination.

Parmi ces atelier, une classe de sixième et leurs professeures avaient envie de travailler à partir de mon livre illustré publié chez Monstrograph, Petite encyclopédie des introvertis. J’étais très heureuse de ce choix parce que c’est un livre auquel j’ai un attachement tout particulier. J’ai donc proposé aux élèves de réaliser leur “petite encyclopédie” à eux, en textes et en images, en partant chacun d’un trait de caractère qui les représente. Et j’ai été épatée par leur humour, leur inventivité et leur autodérision.

Lecture musicale surprise

Je suis hyper à la bourre parce que ça date déjà d’avril dernier, mais à l’occasion de la fête du livre de Villeurbanne, j’ai rencontré une classe de quatrième qui m’a préparé une sacrée surprise. Avec la complicité de leur prof de musique, ils ont créé une lecture musicale du livre Monstrograph que nous avons co-écrit et co-illustré avec Martin Page : N’essayez pas de changer, le monde restera toujours votre ennemi. C’est déjà chouette quand des prof-docs s’emparent de ces étranges livres-là (ça m’est aussi arrivé pour un atelier d’écriture, j’en parlerai juste après), mais quand ils donnent lieu à ce genre de projet, c’est vraiment fort et émouvant. Avec leur accord, je partage l’enregistrement. La lecture est réalisée par les élèves de la classe de 4e4 (année 2016/2017) du collège Jean Macé à Villeurbanne. Ils sont accompagnés au piano par leur professeur de musique, Sébastien Rubellin.