Histoires à tous les étages

Je me rends compte que je n’ai pas encore parlé des ateliers d’écriture que j’ai menés au printemps dernier à l’école primaire Henri Bergson à Nantes, en duo avec la vidéaste et plasticienne Marie-Pierre Groud. Cette résidence a été initiée par Stereolux.

Six classes du CP au CM2 ont créé des histoires mettant en scène des habitants d’un l’immeuble fictif qu’ils ont collectivement imaginé. Chaque classe a choisi sa thématique et son médium et nous avons imaginé des propositions d’écriture et de mise en forme à partir de cela. Ils ont créé des films d’animation en stop-motion, en ombres chinoises, des histoires filmées, sonores, slamées, en roman-photo ou encore présentées dans un kamishibaï, Ces projets ont donné lieu à une restitution dans la grande salle de Stereolux au mois de juin 2018.

Un compte-rendu de cette résidence sur le blog de Stereolux.

Sortie : les nouvelles viles de Flora et Max

Le 7 novembre dernier, à L’école des Loisirs, est sorti Les nouvelles vies de Flora et Max, un roman pour adolescents co-écrit avec Martin Page (et la suite de La folle rencontre de Flora et Max).

Le premier tome, La folle rencontre de Flora et Max, est un échange épistolaire qui oscille entre joie et drame, entre deux lycéens de 16 et 17 ans : Max et Flora. Flora et Max.
Max souffre de phobie scolaire et de crises de panique, et vit reclus chez lui. Il entretient un rapport complexe au monde, teinté d’ironie et d’angoisse, mais aussi de beaucoup d’humour.
Flora purge une peine de 6 mois de prison pour avoir frappé et mis dans le coma la jeune fille qui la harcelait. Elle se confronte à sa colère et son sentiment d’injustice en même temps qu’elle découvre la violence du système carcéral.

Dans le second tome (qui vient de paraître), Les nouvelles vie de Flora et Max, chacun d’eux est désormais sorti de son enfermement et tente petit à petit de se reconstruire. Flora est étudiante en anthropologie, tandis que Max démarre un CAP cuisine. Ils ont trouvé refuge dans une maison de retraite atypique, et y ont établi leur quartier général. Seulement, cette maison de retraite est menacée par la mairie qui envisage de la raser pour y construire un centre commercial. Avec leur joyeuse équipe de retraités, Flora et Max vont tenter de lutter, à leur manière, étrange et tâtonnante, contre ce projet immobilier.

En parallèle de la parution du second tome, le premier tome sort dans une version poche. 

Les petites passerelles

Mi-septembre, j’ai passé trois jours merveilleux sur la péniche L’Ange Gabriel,  en compagnie des auteurs et autrices Loïc Froissart, Kitty Crowther et Marine Rivoal, et de la formidable et chaleureuse équipe d’hôtes-programmateurs-matelots : Marie-Hélène, Claire, David, Marino, dans le cadre du festival littéraire naviguant Les Petites Passerelles. La péniche est partie pour un mois de navigation sur la Meuse entre la Belgique et la France, de Namur à Saint Mihiel. Des auteur·trice·s et des illustrateur·trice·s jeunesse sont invités à y séjourner pour quelques jours et proposer des rencontres, des lectures, des ateliers, des conférences, lors des escales dans les villes et villages du parcours. Avec Loïc Froissart, nous avons donc joué nos lectures musicales L’oiseau Silence et Le jour où les ogres ont cessé de manger des enfants à Namur et à Dinant.

C’était un séjour hors du temps et du monde, j’y ai puisé des sensations et des impressions, et le souvenir de la brume fantomatique du petit matin qui glisse sur l’eau et que je me suis empressée de consigner dans un livre pour ne pas l’oublier.

Sortie : les artistes ont-ils vraiment besoin de manger ?

Ça y est, le voilà ! Les artistes ont-ils vraiment besoin de manger ?, Le livre collectif que Martin et moi avons édité dans notre maison de micro-édition, Monstrograph, est sorti. Vous pouvez le commander sur notre site, l’acheter à la librairie Récréalivres au Mans, ou demander à votre gentil·le libraire de nous le commander directement.

Je crois que ce livre est né de nos rêveries. Avec Martin, on a souvent pensé à créer un lieu pour y accueillir tous les artistes qu’on aime, une librairie-café-ciné-club-salle de concert-et d’exposition, ou un lieu de résidence, un centre de repos pour amis déprimés (et on en a quelques uns), un café de la forêt, un film documentaire sur la création. Et puis finalement, on s’est dit qu’on allait faire ce qu’on sait le mieux faire : un livre. Après tout, un bon livre, c’est aussi accueillant qu’une cabane, aussi protecteur qu’un Totoro.

On y a invité 29 artistes, écrivain·e·s, dessinateur·trice·s, peintres, traducteur·trice·s, cinéastes, créatrices de recettes, dramaturges, musicien·ne·s… et on leur a posé tout un tas de questions sur leur pratique artistique. C’est un sujet qui nous passionne, d’abord parce que c’est notre métier à nous aussi et qu’il nous interroge chaque jour, et parce qu’on ne cesse justement de s’ébahir du fait que soit notre métier, et qu’on se demander souvent comment font les autres artistes, auteurs, autrices. Aussi parce que le statut des artistes, et en particulier des auteurs, est sacrément menacé en ce moment. Avec ce livre très politique, nous voulions tenter d’esquisser ce que c’est que d’être un artiste aujourd’hui, donner à voir les conditions matérielles, financières et intellectuelles de la création, savoir à quoi ressemble la recette de la tambouille de chacun, où se mêlent souvent tout en même temps précarité, solitude, passion, famille, découragement, petits boulots, exaltation.

Ce livre, on l’a commencé il y a plus d’un an, ça a été un sacré travail, pas mal de fatigue, de soirées consacrées à sa mise en page et un gazillion de relectures jusqu’à ce qu’il nous sorte par les trous de nez, mais qu’est-ce qu’on en est fiers ! Et comme on est un peu fous, on a déjà envie de recommencer, d’interroger d’autres artistes sur d’autres sujets qui touchent à la création. Et on le fera c’est certain.

En attendant, Les artistes ont-ils vraiment besoin de manger ?  est là, imprimé à 300 exemplaires grâce aux contributeurs Ulule qui l’ont précommandé des mois avant sa sortie (et qui ont patiemment attendu – un immense merci à eux !), avec sa couverture turquoise flashy, ses jolis rabats, sa typo Calendas Plus qu’on adore avec ses jolies ligatures, son papier crème, sa collection toute neuve (Minute Papillon), ses 350 pages, denses, pleines de belles métaphores, de joies et de colères, de tristesse et de courage, d’enthousiasme et d’énergie, et sa magnifique liste de contributeurs : Thomas Vinau, Peggy Vialat, Maëva Tur, Antoine Tharreau, Mathieu Simonet , Ryoko Sekiguchi, Laurent Sagalovitsch, Cécile Roumiguière, Dominique Rocher, Melle Pigut, Coline Pierré, Eric Pessan, Eddy Pallaro, Martin Page, Justine Niogret , Marc Molk , Marie Laforêt , Julia Kerninon, Neil Jomunsi, Emmanuelle Houdart, Roland Glasser, Loïc Froissart , Quentin Faucompré , Amandine Dhée, Fanny Chiarello, Julie Bonnie, Sandrine Bonini , Francois Bon, Rodrigo Bernardo, Clémentine Beauvais, Audrey Alwett.

Et on espère que vous l’aimerez autant qu’on l’aime !

Deux éditeurs épuisés mais heureux

En 2015, Martin et moi avons décidé de créer notre maison de micro-édition, Monstrograph, pour y publier de drôles de petits livres illustrés qu’on faisait à la main, rapidement, très librement. Et puis petit à petit, on a eu envie d’ajouter à notre catalogue d’autres sortes de livres. On a créé la collection Bootleg dans laquelle nous avons publié deux essais : De la pluie et Éloge des fins heureuses. Et puis il y avait cette idée qui nous trottait dans la tête depuis longtemps : interroger d’autres artistes sur la création, l’écriture, leurs conditions de vie et de travail. Parce que c’est chaleureux et que ça donne de l’énergie d’entendre ou de lire les autres parler de leur création.

On s’est lancé dans ce projet il y a un an et demi et, au fil du temps, il a pris de plus en plus d’ampleur. Résultat : aujourd’hui ce sont 31 artistes de disciplines très diverses, des amis et des connaissances dont on aime le travail et la réflexion, qui répondent à notre questionnaire et racontent comme ils vivent, travaillent, créent, pensent, inventent. Le livre s’appelle Les artistes ont-ils vraiment besoin de manger ?  et il sera publié dans une nouvelle collection, créée pour l’occasion (et dans laquelle nous comptons publier d’autres livres) : Minute Papillon. Il vient de partir chez l’imprimeur après un long et laborieux travail d’édition, de mise en page et de multiples relectures. Mais on est heureux : dans quelques semaines (début octobre), ce petit trésor sera là, et on peut vous dire qu’il sera passionnant (on peut d’autant plus le dire que ce n’est pas nous qui l’avons écrit !).

Mais après l’avoir envoyé à l’imprimeur, un dimanche soir à minuit, on était un peu fatigués tout de même.

En attendant la sortie (début octobre), le livre est déjà en précommande sur notre tout nouveau site ! Il ne sera a priori en vente que sur notre site mais si des libraires souhaitent en proposer quelques exemplaires dans leur librairie ou organiser une présentation avec certains des auteurs du livre, n’hésitez pas à nous contacter !

 

Les ogres en dessin live et en musique

Samedi dernier, pour fêter son installation dans ses nouveaux locaux, la formidable librairie Récréalivres au Mans nous a invités, Loïc Froissart et moi, pour une journée de lecture et dédicace. Nous avons joué à la médiathèque Aragon du Mans, la lecture dessinée et musicale adaptée de l’album que nous avons publié ensemble au printemps dernier : Le jour où les ogres ont cessé de manger des enfants. C’était la toute première représentation de cette lecture.

On a aussi pu se pavaner devant la belle vitrine ogresque concoctée par les libraires (avec l’aide de Loïc et des éditions du Rouergue).

Nous jouerons également cette lecture :

Si vous souhaitez programmer ce spectacle dans votre festival littéraire / salon / librairie / médiathèque / établissement, n’hésitez pas à nous contacter !

Sortie : éloge des fins heureuses

Ça faisait longtemps que le sujet me trottait en tête, me questionnait, m’agaçait, qu’il alimentait nos discussions, à Martin et moi, à la sortie du cinéma ou en refermant un livre. Et puis un jour, l’envie d’écrire un texte – qui s’est transformé en livre – sur le sujet est devenue évidente. De là, est né ce court essai, Éloge des fins heureuses, que je publie ces jours-ci dans notre maison de micro-édition, Monstrograph.

Ce texte est un plaidoyer pour l’imagination et pour la fiction, une défense de l’optimisme, des fins heureuses, du romantisme et de la littérature « féminine » comme arme politique, comme instrument d’émancipation sociale, comme outil féministe. C’est un texte provocateur aussi (et qui n’est pas dénué d’une certaine dose de mauvaise foi) pour défendre une éthique et une esthétique.

C’est un texte important pour moi. J’y défens une idée de la littérature, du cinéma et de la fiction en général, qui m’est chère – et qui n’est pas très populaire en ces temps de cynisme et de froideur. C’est la première fois que j’écris et que je publie un essai, c’était donc aussi une démarche tout à fait nouvelle – et angoissante – pour moi. J’espère que ce texte trouvera des échos, des résonances, des lectrices et des lecteurs qui partageront ce point de vue, ou qui ne le partageront pas mais auront envie de s’interroger sur la question.

Le livre est pour l’instant en vente uniquement sur le site de Monstrograph. Amis libraires, si vous souhaitez proposer ce livre – ou tout autre titre de Monstrograph – dans votre librairie, n’hésitez pas à nous contacter !

Ateliers d’écriture à Annecy

Cette année, j’ai passé quatre journées avec deux classes de CE1/CE2 d’Annecy, pour un projet d’atelier d’écriture autour de la ville, initié par Laure Laydevant, la responsable de la bibliothèque d’Annecy. Je leur ai proposé d’imaginer une ville et d’en faire le plan. Ils ont ensuite imaginé des portraits d’habitants de cette ville avant de les mettre en scène dans de petites aventures. Chacun d’eux se retrouvait face à un élément du mobilier ou de l’infrastructure urbaine qui ne voulait ou ne pouvait plus accomplir sa tâche.

Avec des allers-retours entre texte et image, on a pu donner vie à ces villes, ces personnages et à ces objets. L’ensemble de ce travail a été mis en page par la bibliothèque d’Annecy dans un livret intitulé “Enquêtes en ville”, qui regroupe également les productions de classes qui ont travaillé avec Anne Loyer et avec Mymi Doinet sur ce même thème.

Workshop création de lectures musicales

Il y a quelques temps, la maison de la poésie de Rennes m’a proposé d’animer une journée de formation autour des lectures musicales, à destination d’enseignant·e·s du secondaire, organisée par la DAAC de Rennes. Je n’avais évidemment jamais fait ça, mais comme j’ai pour habitude de d’accepter tous les projets qui m’emballent et de réfléchir ensuite à leur faisabilité, j’ai dit oui. Puis j’ai passé trois mois à angoisser, fait une insomnie la veille, dormi une heure trente, et pris mon train à 5h45 pour Rennes.

Une quinzaine d’enseignantes de collège et lycée (NB : il n’y avait qu’un homme, et il est parti en milieu de journée alors j’écrirai la suite de cet article au féminin) en français, musique, anglais, espagnol, histoire-géo et sport étaient venus. Le tour de table m’a appris qu’elles étaient très branchées slam et poésie, deux domaines dans lesquels je ne me sens absolument pas compétente – sentiment d’imposture, bonjour.

J’ai commencé la journée avec tout un tas d’exemples tirés de mes expériences : des extraits de lectures musicales, dessinées ou sonores que j’ai faites, des ateliers d’écriture un peu particuliers que j’ai animés, et des lectures créées par des classes ou que proposent des écrivain·e·s dont j’aime le travail.

Ambiance studieuse pendant l’atelier d’écriture

Après ça, c’était aux autres de travailler. j’ai donc proposé trois petits ateliers d’écriture aux stagiaires, afin que chacune ait au final écrit :

  • un texte de fiction, pour travailler le récit et l’imagination
  • un texte argumentatif, pour travailler l’articulation de la langue et le sens
  • et un autre, poétique, pour travailler la forme et la musique des mots

Premiers constats pour elles : écrire, ce n’est pas simple, et une contrainte peut paralyser quelqu’un tandis qu’elle stimule l’imaginaire d’une autre.

L’après-midi a débuté avec deux jeux sonores pour s’initier aux enjeux et aux contraintes du bruitage, et pour se familiariser (y compris quand on n’est absolument pas musicien) avec des instruments qu’on ne connaît pas ou dont on ne sait pas jouer. J’avais évidemment apporté tout un tas d’instruments rigolos et étranges. C’était amusant et instructif, et le stylophone est sorti grand favori de cette journée.

Enfin, les enseignantes se sont regroupées en duo ou en trio et je leur ai demandé (en une heure car on avait peu de temps) de mettre en voix et en musique un des textes qu’elles avaient écrit le matin. Et je dois dire qu’elles ont relevé le défi avec une gourmandise réjouissante.

Le joyeux bazar de la mise en voix

La restitution finale a été vraiment impressionnante, drôle et émouvante : il y a eu une chanson sur l’adolescence, un éloge de l’égoïsme et de la lâcheté mis en musique, des histoires sonorisées… Je crois que j’étais aussi fière que si c’était moi qui les avait créées. Quelques extraits ci-dessous.

Si vous souhaitez organiser ce type de formation ou de journée à destination d’adultes ou d’adolescents, n’hésitez pas à me contacter !