The bed book

Au retour d’un chouette week-end en Normandie, m’attendait dans la boîte aux lettres, un livre commandé il y a quelques temps : l’édition anglaise (par Faber & Faber) de The Bed Book de Sylvia Plath, illustrée par Quentin Blake. Autant dire un bijou. Un long poème écrit pour ses enfants, drôle, malin et plein de fantaisie, associé à un dessin aux qualités exactement similaires, c’est un mariage idéal. Quand deux artistes parmi ceux que l’on aime le plus travaillent ensemble, c’est toujours un régal. Dommage qu’ils n’aient pas véritablement collaboré (le livre est sorti dans sa première édition plus de dix ans après la mort de SP).

J’ai découvert au hasard de mes recherches qu’ils étaient nés la même année et étudiaient la littérature à Cambridge à peu près en même temps (mais pas dans le même College). Je suis sûre que ça aurait été une belle rencontre.

Retour

Le meilleur moment des vacances, c’est toujours le retour.

Le plaisir de retrouver son chez-soi, le chat, les odeurs, les images, le courrier, et les routines. Hier soir, je me promenais dans l’appartement, observant avec délectation ce qu’on en avait fait, redécouvrant les bibliothèques, les tableaux, m’arrêtant pour feuilleter un livre, déplacer un dessin. Quel plaisir de retrouver ce qui nous est familier. Le vent de Nantes, moins froid que celui d’Helsinki, l’atelier déserté (c’est notre mois d’août à nous), chaque geste prend un éclairage nouveau.

Un peu difficile de se remettre au travail, après deux belles semaines d’écriture, de lecture et de dessin. En tous cas, retour plein d’envies et d’idées qui tournent dans la tête.

Helsinki

M. et moi passons deux semaines à Helsinki, où Ville et Anu nous prêtent un studio (on ne les remerciera jamais assez). Peu de tourisme à proprement parler, mais nous marchons pas mal, explorons la ville à la recherche de cafés où travailler, lire, écrire, dessiner, observant le calme et la détente qui semble animer les finlandais. L’architecture est étonnante, je ne m’y connais pas vraiment en courants architecturaux, mais je crois que c’est un drôle de mélange : art nouveau, romantisme national, néogothique… Il n’y a pas vraiment d’unité, chaque immeuble à sa bizarrerie. Quelquefois il me semble me trouver face à des maisons de parcs d’attraction. J’y vois aussi quelque fois un peu de ce que je me représente d’un genre d’austérité soviétique (en tous cas, c’est certainement plus russe que scandinave).

Petit tour sur la cinématographique île suomenlinna, découverte de la belle bibliothèque universitaire, concert de bd, sauna, marchés, bords de mer…

Nous avions pour but à ce voyage d’expérimenter la gastronomie locale  au final, beaucoup de poissons fumés, des viandes séchées et fumées, du renne, des pâtisseries à la cannelle, du fromage qui grince sous la dent, et des sandwichs (plat national).

The ubiquitous umbrella

J’ai reçu il y a quelques jours un livre édité par la Mayor Gallery, galerie londonienne qui a exposé une série de dessins de Sylvia Plath en novembre dernier. De cette exposition est né ce joli catalogue.

Il s’agit, pour la plupart, de dessins d’observation et d’études réalisés durant la lune de miel de Sylvia Plath et Ted Hugues en Europe, additionnés de quelques autres faits au Etats-Unis. Certains disent quelque chose de la mélancolie, de l’humour, ou du perfectionnisme. Ils portent en tous cas tous en eux, quelque chose de personnel, en plus du talent d’exécution.

Une petite sélection :

Ils ont des armes (suite)

Le superbe livre épistolaire de Martin Page et Jakuta Alikavazovic, Nous avons des armes mais nous ne savons pas nous en servir, est paru il y a quelques semaines, aux éditions Nuit Myrtide.

Ils y parlent d’enfance, d’école, des rencontres qu’ils ont fait durant leur résidence itinérante, d’extra-terrestres, de poissons, de hamburger, de disparition, et bien sûr, d’armes. Et à l’intérieur, on y trouve aussi un tout petit dessin que j’ai réalisé pour l’occasion, déjà publié sur le blog.

Le lire est tiré à peu d’exemplaire, on peut l’acheter ici ou dans des librairies du nord de la France.

“rien n’a d’importance, parce que tout commence pour finir”

Voilà, maintenant que mon manuscrit navigue entre les mains de celles et ceux qui voudront bien le lire, il est grand temps de m’occuper l’esprit à un nouveau projet. Le cerveau est en partie libéré, les idées sont là, déjà esquissées de quelques lignes ou quelques pages. Il ne me reste plus qu’à choisir dans quel océan je vais plonger en premier. C’est un moment excitant.

Lecture de deux excellents livres pour ados, dernièrement : “Rien” et Guerre, et si ça nous arrivait ?” de la danoise Janne Teller. Des textes durs, sombres, parfois violents, mais d’une immense intelligence. Elle y parler de la mort, de l’avenir, de politique, du sens de la vie. C’est fin et touchant, plein de vérité. Je ne sais pas comment les adolescents reçoivent ces textes, mais en tous cas, ce sont des livres que tous les adultes devraient avoir eu entre les mains.

Dai Loc

Chouette nouvelle, un restaurant vietnamien / chinois / thaïlandais (les propriétaires sont vietnamiens) vient d’ouvrir à côté de chez nous : le Dai Loc. Nous l’avons testé hier soir et leur cuisine est excellente et pas très chère (les nems sont terribles, les brochettes poulet-crevettes-ananas aussi). Bien sûr l’organisation n’est pas encore parfaite (ils ne sont ouverts que depuis quatre jours) mais cela ne devrait pas tarder. Il est situé à l’intersection de la rue Desaix et de la rue François Farineau et il vaut le déplacement.

Je viens de terminer le second livre de Fanny Salmeron, “Le travail des nuages”, et j’avais déjà beaucoup aimé son premier roman. J’aime vraiment son écriture fluide comme la pensée, avec toujours cette référence à l’enfance. Disons alors : une pensée qui garde de l’enfance sa douceur, sa spontanéité et sa fantaisie, son besoin de dire l’injustice comme elle vient.

C’est un livre dense et court (et c’est une qualité), émouvant, qu’on lit une boule au travers de la gorge tout du long. Et même si j’y ai trouvé moins de phrases et d’idées qui me parlaient toutes entières, absolument, que dans “Si peu d’endroits confortables”, il m’a tout de même semblé plein de ces petits bouts de mots et d’instants fragiles, précieux, que l’on veut protéger contre le reste du monde.

Alfred Guesdon

Petit tour à l’exposition “Trésors cachés du cabinet d’arts graphiques” à la Chapelle de l’oratoire (du musée des Beaux-Arts de Nantes) cet après-midi, où j’ai découvert le fascinant travail géographique et architecturale d’Alfred Guesdon. On ne trouve pas grand chose sur lui sur Internet, j’ai du aller farfouiller sur un site italien pour retrouver l’image qui m’a marquée. Il a réalisé des tas de “vues d’en haut” de villes d’Italie, de Suisse et de France, crayonnées avec une belle précision, passionnantes en ce qu’elles offrent un autre point de vue sur les villes, en donnant accès à leur squelettes et à leur surface.

Trois dessins de villes italiennes sont exposés, notamment celui de Brescia, qui m’a le plus attirée. J’ai retrouvé non pas le dessin mais une image d’une lithographie faite à partir de ce celui-ci.

Et du coup, je suis tombée à l’instant sur cette chouette vue de Nantes qui date de 1860, encore toute fractionnée en petites îles, avant le comblement de l’Erdre.