Donner du temps aux idées

Mon tout premier petit roman a été accepté par une belle maison d’édition jeunesse. Il sera illustré (je ne sais pas encore par qui) et publié à l’automne prochain. C’est une nouvelle aventure qui commence, et c’est peu dire que j’ai hâte de tenir le livre entre les mains.

Ce texte est désormais terminé, mais il habite toujours mon esprit. Je ne me suis pas encore tout à fait replongée dans d’autres projets. Plusieurs histoires et livres sont déjà commencés et d’autres frappent à la porte de mes envies. Mais j’ai du mal à laisser s’échapper le précédent. Alors je flotte un peu pour donner le temps aux idées de m’imprégner doucement.

Les amis filants

Période musicale. Je reprends ma guitare, nous débutons (avec M.) les cours de chant, et je tâtonne sur ma toute nouvelle et toute belle lame sonore, offerte par M. et fabriquée par Alexis Faucompré dont je ne peux que recommander le beau travail.

Qui-vive il y a une semaine au Lieu Unique. Passionnant spectacle de magie mêlant théâtre réflexion, en forme de questionnement sur l’illusion et sur sa signification. Et ce soir, les Variations Goldberg, par Dan Tepfer. Douceur.

Quelques obsessions du moment : Strange Love, la chanson du générique de Frankenweenie, par Karen O, Destruction of the disgusting ugly hate de Soko, Quentin Blake (qu’on peut entendre parler de son travail ici), et la série The West Wing (saison 6 désormais), et puis l’envie de me pencher sur la théorie du langage de Lacan.

Je relis et corrige mon texte pour la millième fois et enfin je l’aime à nouveau, j’y trouve un peu de cette précision que j’aime tant chez les autres. Et surtout, il me semble le comprendre pour la première fois, avoir saisi les raisons de son existence. C’est une belle période, de changement, peut-être, de questionnements en tous cas. A la fois paisible et angoissante, mais enfin il se passe des choses. J’ai l’impression que tout autour de moi est matière à m’abreuver. Des idées, des réflexions dont je peux faire quelque chose. Je crois que c’est bon signe.

Reste la difficulté à se sentir proche des autres, trouver des amis, des gens avec qui on ne partage pas que du temps, mais aussi des valeurs, des perceptions, des sensibilités, des obsessions. Des gens pour qui avoir ça en commun est important. Je ne suis pas douée pour les repérer, sans doute. Encore moins pour les approcher. Alors on réfléchit à des astuces, des pièges à tendre pour les attraper, ces amis filants.

Ecrire à la débroussailleuse

Je dois bien reconnaître que me relire n’est vraiment pas la partie que je préfère dans l’écriture. Je rechigne à chaque fois à m’y plonger, faisant preuve d’une grande mauvaise fois envers moi-même et envers M. qui m’encourage à me relire et le faire relire. Ce que je dois bien reconnaître, c’est que c’est toujours remuant. C’est se confronter à son regard, son exigence et donc son instatisfaction. Et puis à chaque relecture, c’est le constat que l’on n’atteindra jamais la perfection. On croyait avoir terminé, pouvoir enfin passer à autre chose, mais il y a toujours des mots, des phrases en trop, des tournures imprécises.

J’essaie d’excuser ma flemme en disant que de toutes façons chaque relecture apporte une nouveau regard et donc de nouvelles corrections, que c’est sans fin. Je dis que si une phrase qu’on a validée les dix fois précédentes devient tout à coup un problème, c’est que notre état d’esprit a changé, pas le texte. Mais en réalité, ce n’est pas tout à fait vrai. Plus on débroussaille, plus on épure le texte, plus chaque mot prend son importance. Et plus l’histoire est limpide aussi. Et plus on est content de soi, en fait.

Dans le dernier numéro de la revue 303, où des auteurs parlent de leur travail (Et à part ça vous faites quoi ?), Eric Pessan liste “101 tracasseries sans grande importance”. L’une d’entre-elle (la numéro 37 pour être exacte) : “Me relire m’ennuie un peu. Est-ce grave ?” Ça m’a un peu rassurée. (Le texte entier en chouette. M. y a également écrit deux très beaux textes sur la création).

Le costume-ça-ne-fait-rien

Un nouveau livre de Sylvia Plath est sorti en Français ces dernières semaines. Le titre a été changé et c’est très nul : l’original est “The it-doesn’t-matter-suit”. Mais bon, cette publication est une chouette nouvelle : ses histoires pour enfant (il y en a trois) ont été peu publiées en français, et elles sont toutes excellentes. Celle-ci parle d’un petit garçon qui rêve d’avoir un beau costume, un beau costume pour tous les jours et qui se moque de ce que penses les autres, contrairement à ses aînés.

Et moi, je deviens un peu fétichiste, mais par chance, c’est un fétichisme circonscrit.

Nouvel atelier autonome

Ça y est, depuis quelques heures, nous sommes installés dans notre nouvel atelier en plein centre-ville (non sans douleurs et déchirements). Mettre en œuvre un projet en groupe, c’est souvent un sacré générateur de tensions. Alors c’est un (re)départ un peu triste, avec quelques regrets et  un petite boule dans le ventre, mais bon, il faut avancer.  Retour au travail après cette petite parenthèse, quelques urgences m’attendent.

Le temps est un courant d’air

Le temps n’a cessé de filer entre mes doigts ces dernières semaines. C’est un courant d’air qu’il faut saisir au vol, et sans cesse rattraper alors qu’il tente de s’évader. C’est une lutte dont je ne vois pas la fin, l’apaisement : je crois qu’on ne cesse jamais de courir après le temps tant qu’on a envie de faire des choses.

Je suis entrain de peaufiner une nouvelle histoire, un petit roman pour enfants. Encore quelques relectures et il devrait être présentable. Comme d’habitude, je l’avais commencé avec l’idée de l’illustrer moi-même et puis l’envie m’est passée. Les envies sont de drôles de choses : je ne cesse de les questionner avec toujours ce doute :  où est-ce que je me situe vraiment entre l’influence sociale et l’influence affective ?

Nous travaillons (doucement) sur un livre commun avec M., lui au texte, moi au dessin. Un livre sans doute impubliable, mais l’idée nous plaît. Je fais des essais de mise en couleur pour le premier dessin, ce n’est pas mon fort, mais ça avance doucement.

Écrire me manque. Ne pas avoir eu le temps de prendre le temps, ne pas trouver la disponibilité d’esprit de m’y plonger ces dernières semaines m’a frustrée. Mais ressentir ce manque me fait du bien, ça me rassure. Je suis vivante et bouillonnante. Alors j’ai hâte de renouer avec la routine. (J’ai lu dans un texte, récemment, quelques mots tout à fait sensés sur la routine. il faut que je remette la main dessus.)

En vrac

Catch de dessinateurs à moustaches mardi soir à Crêpetown. Sympa mais passage rapide, il y avait trop de monde pour nous, et de toutes façons, on ne voyait pas grand chose. Un drôle de truc, que j’ai regardé avec un intérêt curieux et dont je ne sais pas trop quoi penser.

Pour rentrer, traversée de Nantes et de la Loire à vélo à la nuit tombante, nous rappelant ce que cette ville est douce et belle !

Et hier soir, Terri au Katorza. Un film sur l’adolescence, la différence, la mise à l’écart, la cruauté, beau et troublant,  imparfait et qui survole certains de ses personnages, mais plutôt juste. Un film se relève toujours avec une grande délicatesse de ses flirts avec le glauque, et ramène à chaque fois avec une belle intelligence ses personnages attirés par le monde des adultes à leur réalité d’enfants. Et John C. Reilly est super, comme toujours.

Dans ma prochaine vie, je serai une étudiante anglo-saxonne

Je n’avais jamais expérimenté le campus à l’anglaise ou à l’américaine (celui de Nantes semble y ressembler un peu, quoique moins protégé, plus intégré à la ville), mais je trouve ça génial. On regroupe tous les savoirs, les sciences, les technologies, les arts, dans un espace (étendu), comme une petite ville en marge de la ville, dédiée aux étudiants, à la connaissance et à une idée de la vie en communauté, avec tout ce qui est nécessaire pour survivre : cafés, restos, librairie, bibliothèque, piscine, supérette, wifi, musée, nature, lac. Le matin, quand on se lève (tôt), on croise des tas de lapins et d’écureuils sur les pelouses. Il y a quelque chose de paisible et convivial, et en même temps de studieux. Et si l’on ajoute à cela que les université anglo-saxonnes ont des départements de creative writing, on aurait presque envie de porter un sweat-shirt UEA (en tous cas, on comprend un peu mieux).

Mais bon, peut-être que lorsque les 19 000 étudiants sont là, l’air y est un peu différent.

Norwich

M. et moi sommes à Norwich pour une semaine, lui essentiellement pour travailler, moi pour explorer, lire, écrire, et dessiner. Hier, le trajet s’est étiré de huit heures (on n’y croyait plus vraiment, à vrai dire) mais nous avons heureusement pu finir la journée par un fish & chips et une kidney pie, dans un Pub “maximum food hygiene rating”.

English breakfast à l’hôtel ce matin, avant de partir pour l’UEA où nous passerons le reste du séjour. J’ai hâte de flâner dans les librairies du coin, il semble y en avoir pas mal. En attendant, je commence une série de “croquis d’Anglais” dans des bars et cafés.