Ecrire à la débroussailleuse

Je dois bien reconnaître que me relire n’est vraiment pas la partie que je préfère dans l’écriture. Je rechigne à chaque fois à m’y plonger, faisant preuve d’une grande mauvaise fois envers moi-même et envers M. qui m’encourage à me relire et le faire relire. Ce que je dois bien reconnaître, c’est que c’est toujours remuant. C’est se confronter à son regard, son exigence et donc son instatisfaction. Et puis à chaque relecture, c’est le constat que l’on n’atteindra jamais la perfection. On croyait avoir terminé, pouvoir enfin passer à autre chose, mais il y a toujours des mots, des phrases en trop, des tournures imprécises.

J’essaie d’excuser ma flemme en disant que de toutes façons chaque relecture apporte une nouveau regard et donc de nouvelles corrections, que c’est sans fin. Je dis que si une phrase qu’on a validée les dix fois précédentes devient tout à coup un problème, c’est que notre état d’esprit a changé, pas le texte. Mais en réalité, ce n’est pas tout à fait vrai. Plus on débroussaille, plus on épure le texte, plus chaque mot prend son importance. Et plus l’histoire est limpide aussi. Et plus on est content de soi, en fait.

Dans le dernier numéro de la revue 303, où des auteurs parlent de leur travail (Et à part ça vous faites quoi ?), Eric Pessan liste “101 tracasseries sans grande importance”. L’une d’entre-elle (la numéro 37 pour être exacte) : “Me relire m’ennuie un peu. Est-ce grave ?” Ça m’a un peu rassurée. (Le texte entier en chouette. M. y a également écrit deux très beaux textes sur la création).

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