Tous à poil

Je n’ai pas encore parlé de la polémique qui anime le monde de la littérature jeunesse en ce moment. Enfin plus exactement, et c’est ce qui est intéressant là-dedans, la polémique qui n’a véritablement lieu qu’en dehors du monde de la littérature jeunesse. A l’intérieur, tout le monde est à peu près d’accord.
J’ai lu pas mal de choses sur la question ces dernières semaines, des réponses d’auteurs et d’éditeurs bien formulées et intéressantes, parfois drôles (ici, ici, , ou encore ou ), mais je dois reconnaître que je reste hébétée par le fait même qu’il y ait polémique. Ça me semble fou que des gens s’indignent de l’indécence de la littérature jeunesse quand je la trouve au contraire souvent frileuse et coincée dans ses acquis. Mais j’oublie que ce qui est évident pour moi ne l’est pas forcément pour les autres.
Cette frilosité n’est bien sûr pas le cas de tous : de nombreux auteurs et éditeurs publient des livres aux textes originaux, audacieux, intelligents et impertinents. Mais j’ai aussi pas mal d’exemples d’auteurs qui peinent à faire publier leurs textes dès qu’ils sortent un peu des sujets et des formats traditionnels. (Je ne parle pas des illustrations car il me semble que les maisons d’éditions ont globalement moins peur de prendre des risques de ce côté là. Souvent même, l’innovation graphique est un peu l’excuse pour ne pas se préoccuper du texte.)
Sans doute suis-je un peu déçue à cause mes récentes déconvenues personnelles, mais c’est désespérant de voir toute l’indignation que peuvent provoquer des livres jeunesse quand il y a déjà tellement de précautions prises.

L’excellent site arrêt sur images consacre son émission hebdomadaire au sujet. L’émission est plus courte que d’habitude et aucun auteur n’est invité sur le plateau, mais bon, c’est déjà ça.

Travailler dans les cafés

Depuis septembre dernier, M. et moi avons adopté un nouveau rythme de travail. Avant, nous allions presque quotidiennement à l’atelier, où nous avions chacun un bureau. La décision de ne partager plus qu’un seul bureau s’est accompagnée pour moi de petits changements professionnels, afin de consacrer plus de temps à l’écriture.

Depuis, j’aime passer d’un lieu à un autre. Chacun possède sa vie propre et son rythme bien particulier. J’y écris différemment, pas forcément sur les mêmes travaux. Chaque arrivée dans un espace est un retour à zéro.
L’atelier est devenu presque une extension de la maison. C’est un espace sur deux étages que l’on partage à huit/dix personnes, une grande cabane calme et studieuse perchée sous le toit d’un petit immeuble de l’hypercentre.
A la maison, le bureau est entouré de bibliothèques et d’instruments de musique, le chat dort sur le canapé à côté, je peux mettre la musique en haut-parleur, chantonner, faire quelques pas de claquettes, picorer des phrases dans un livre puis me remettre au travail.
Et puis il y a les cafés. C’est sans doute là que je travaille le mieux. Étrangement, les discussions autour de moi, le brouhaha, ne me gênent pas vraiment. Au contraire, c’est dans ces lieux moins familiers que je parviens à me concentrer le mieux.
C’est une équation compliquée de trouver un lieu où l’on se sente bien. Il faut un endroit espacé, calme mais pas désert, où l’on peut trouver un certaine intimité, du wifi gratuit, des consommations pas chères et/ou très bonnes, et des serveurs sympas qui ne vous font pas sentir que vous squattez un peu trop longtemps.
A fil du temps, j’ai trouvé plusieurs points de chute à Nantes. Hasard ou pas, mes trois préférés sont dans la même rue.

  • Le Cercle Rouge (rue des Carmes), lieu de travail et de rendez-vous bien connu des indépendants, pas cher, plutôt studieux le matin et plus familial l’après-midi,
  • La librairie-café les Bien-Aimés (rue de la Paix), étroite mais cosy et tout en bois, le rez-de-chaussée permet d’être dans la vie de la librairie, glissé entre deux étagères de livres, le premier étage fait plus salon. Il y a de chouettes boissons (comme le citron chaud de Corée) et des gourmandises pas chères (mention spéciale pour le fondant au chocolat et le rocher coco, les tartes servies le midi sont également très bonnes),
  • Le premier étage de Monsieur Machin (rue Saint Léonard) très calme et souvent vide jusqu’à 17h (et le chocolat chaud est bon),
  • Le Tabl’O Gourmand (cours des 50 étages), avec plein de bonnes choses à manger, de l’espace, et une ambiance un peu scandinave,
  • Le Shefferville Café (rue du Maréchal Joffre), avec du café à volonté et de très bons bagels, mais j’avoue n’y avoir jamais travaillé (l’espace est assez étroit).

Bien sûr, il y a aussi les bibliothèques et le Mc Donald, mais ce n’est pas aussi douillet que les cafés.
Si vous connaissez d’autres lieux de ce genre à Nantes, je suis preneuse !

Des filles, surtout

C’est une période de lectures enthousiasmantes et ça fait du bien. J’ai lu La petite communiste qui ne sourit jamais, de Lola Lafon, très beau texte sur le corps qu’on regarde, qu’on dompte, qu’on pousse à bout, qui se transforme, et qui nous échappe. Et puis le riche et passionnant Beauté Fatale de Mona Chollet et le très émouvant La tendresse des pierres de Marion Fayolle, qui parlent aussi, chacun à leur manière, du corps qui nous enferme et de celui qui meurt.

Et puis Richard Brautigan (enfin lu, avec une certaine évidence), Thomas Vinau, toujours si délicat, et Joan Didion, consœur migraineuse dont je découvre les livres !

Des inondations et des cartes à Venise

Notre séjour à Venise m’a permis de réaliser l’un de mes rêves. A savoir : vivre une inondation, mais sans que ce soit une catastrophe. Enfant, j’étais très frustrée de me dire que puisque je vivais en montagne, les probabilités de faire du bateau dans la rue étaient particulièrement faibles. Je n’ai certes pas pagayé dans les rues de Venise, mais l’acqua alta m’a permis de patauger dans une vingtaine de centimètre d’eau place Saint-marc et c’est déjà une petite victoire sur mon rêve. (Au passage : étions-nous les seuls au monde à n’avoir jamais entendu parler de ce phénomène ?)

Venise

Venise a aussi contenté une autre de mes passions étranges, puisque j’ai pu ramener une copie de cette géniale carte de Venise gravée par Jacopo de’ Barbari et visible, entre autres, au Palais des Doges.

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